Contrôle surprise (et je ne vais plus à l’école)
Alors que je rêvassais, le regard perdu à travers la vitre du tram, tel un poète cherchant son inspiration, le regard perdu vers l’horizon, je vois plusieurs personnes regarder dans le fond. Reprenant mes esprits, je découvre via le reflet de la vitre qu’il s’agit de l’irruption de policiers dans le tram.
Je me dis que c’est pas mal qu’ils jettent un œil dans les trams de temps en temps la nuit pour voir si tout se passe bien.
Je replonge dans mes pensées (afin de réfléchir à un sujet capital : mais que vais-je me faire à manger), quand tout à coup une tête de flic apparaît devant moi.
« Veuillez me suivre dehors, c’est un contrôle ! » qu’il me dit.
Je me retourne vers lui, un poil circonspect. « Un contrôle ? Mais j’ai pas révisé … »
« Veuillez me suivre dehors, c’est un contrôle ! » qu’il me redit. C’est borné un flic du soir.
« Euh d’accord, mais pourquoi donc ? » m’empressais-je de demander, curieux de savoir pourquoi on allait me sortir du tram que j’avais attendu si patiemment dans la nuit froide, alors que le suivant n’arriverait que 30 minutes plus tard…
« Veuillez me suivre dehors, c’est un contrôle ! » Voyant que le monsieur n’a que très peu de vocabulaire, et que sa réponse automatique de cerveau absent, envoyé en retour de chaque question commençait à devenir excessivement énervant, je me suis exécuté (avant qu’il ne m’exécute lui-même…).
Une fois dehors, alors que la fraîcheur de la nuit caressait mes joues (et me gelait les grelots), mon bon ami à képi (c’est une métaphore hein, parce qu’il n’avait pas de képi, mais c’est pour le style voyez-vous) me dit de mettre mes mains en évidence, et me demande si j’ai des armes ou des substances illicites sur moi. Une chance que j’avais vendu mon stock de kalachnikov, de cocaïne et de kinder bueno à des enfants qui sortaient d’une séance de Snoopy un peu plus tôt dans la soirée.
Ensuite, il me demande de me tourner et commence à me fouiller. Il me tâte les jambes et les poches. « Hé vous pourriez m’offrir un verre avant, je suis pas un garçon facile ».
Il continue sa fouille au niveau de ma veste. Craignant qu’il éclate mes lunettes 3D, se trouvant dans ma poche intérieur (j’étais allé voir le Hobbit, c’est pas un crime pourtant), je lui dis que ce serait bien plus simple si j’ouvrais ma veste.
Il me répond que c’est la prochaine étape. Chouette… Il me fait vider mes poches, et croyez-moi, j’ai des poches et je m’en sers… Je sors donc, mes lunettes 3D, mes lunettes pas 3D, deux paquets de mouchoirs pas utilisés, des mouchoirs utilisés (je suis économe, tant qu’il y a de la place, je remplis), des gans, un porte monnaie, un téléphone, des clefs, une paire de menotte en fourrure (mais non je déconne).
Bref je me retrouve avec les mains pleines, un peu comme les participants de Fort Boyard avec leurs pièces d’or dans les bras à la fin de l’émission. Là-dessus, mon cher policier me dit que c’est bon, je peux disposer. Fort bien, ce n’est pas comme si on était en plein hiver. Et à cette heure-là on compte autant de trams que de vraies dents dans la bouche de mémé ! Je n’ai plus qu’à rentrer à pieds ! Merci Monsieur l’agent.