La fac est un moyen formidable pour voir du monde. Mais pour les voir qu'une seule fois, parce qu'on est tellement nombreux qu'on voit tous les jours de nouvelles têtes. Les facs contribuent grandement à l'enrichissement des chinésytérapeuthes (je ne sais pas comment çà s'écrit, on ne l'apprend pas en droit) car les bancs sont faits de telle sorte qu'il est possible d'avoir mal au dos et au cul en même temps au bout de 15 minutes.
L'accueil est chaleureux. Un professeur peut vous motiver dès le premier jour en vous disant : « Regardez votre voisin de gauche, regardez votre voisin de droite, dans 1 mois vous ne les verrez plus. »
Le droit permet de réfléchir à des sujets essentiels comme : « le Droit naturel peut-il être considéré comme une foi dans l'avenir ?» (oui oui c'était mon premier sujet de dissertation). Tu réfléchis un peu et tu te dis « mais qu'est-ce que je fous là ? ». Ensuite tu te concentres, et après mûre réflexion, au bout de 4 ou 5h, tu te dis « mais vraiment, qu'est-ce que je fous là ?! ».
Mais, heureusement que l'on ne nous abandonne pas à notre triste sort. Votre chargé de TD (c'est-à-dire quelqu'un qui n'a pas fini ses études en fac, et qui n'ayant pas trouvé de boulot plus intéressant, comme quick ou macdo, joue les professeurs particulier pour une classe de 25 élèves), nous donne généreusement un texte.
En fait on ne nous le donne pas, on doit se débrouiller pour le trouver à bibliothèque universitaire et le photocopier. Tout en sachant que les 1000 élèves en 1ere année doivent le faire en même temps. Çà permet de développer l'esprit d'indépendance (faut se débrouiller pour le trouver ce foutu texte), l'esprit de compétitivité (faut se battre pour garder le livre à photocopier). Ensuite il faut lire le petit texte (qui fait douze pages, écrit en tout petit, plus les vingt-cinq pages suivantes, ce qui n'est pas obligatoire mais vivement conseillé, très vivement conseillé !!!!).
Après cet enrichissement personnel, cette dégustation intellectuelle, on se dit : « j'ai rien compris et j'ai perdu 3h ». Après 15h d'emmerd… euh de travail acharné, le devoir est terminé. C'est là qu'on apprécie les choses simples de la vie, les plus banales, qui ne nécessite aucune réflexion comme aller aux toilettes ou regarder TF1.
La fac est un véritable endroit pour délirer, surtout au moment de la visite médicale. On vous demande d'y venir avec votre petit flacon d'urine. On doit apprendre à être précis dans ces cas, il s'agit de ne pas viser à côté du flacon à remplir. Et il faut avoir confiance en soi. Faut vraiment avoir confiance pour laisser son flacon rempli dans son sac (en général faut pas le mettre dans sa poche) en espérant qu'il est bien fermé. Vous tendez avec une certaine fierté votre flacon au docteur, qui y trempe un petit truc (non pas son doigt !). Vous développez une certaine admiration pour ce docteur qui peut vous dire, grâce au petit truc trempé, que vous êtes fatigué. Par quelle magie peut-il voir çà ? Est-ce que la couleur évolue en fonction de notre état ? Est-ce que c'est parce que je n'avais pas bien visé ? Ou bien parce que j'avais des valises sous les yeux, si imposantes, que j'aurais dû payer un exedent bagage à l'aéroport ? Vous vous intéressez à ce qu'on vous apprend grâce à votre urine, et vous êtes prêt à demander si on peut lire l'avenir dedans.
C'est merveilleux, la fac, si vous n'aimez pas les arbres, d'utiliser des forêts entières de feuilles tant il faut écrire. On écrit jusqu'à ce que la main soit tellement crispée qu'on ne peut plus tenir le stylo.
Il est très facile d'être licencié en droit. Quand je dis être licencié, je veux dire viré. Si vous écoutez votre entourage, vous devez savoir que le droit mène à tout. C'est vrai, le droit mène à tout, surtout au suicide.
Et vous pouvez avoir la fierté, en cas de réussite (on ne sait jamais, sur un mal entendu) de faire parti des 30% qui passe en 2eme année.
VIVE LA FAC.